La Norvège — la Norvège que j’ai vue —, ce sont des nuages. Bas, mousseux, intenses, se tachant de blanc et de noir, ils semblent bouillonner derrière les montagnes, fumeroles de volcans à la circonférence géante. Ils sont l’indiscipline de ce pays praticable, aux routes trop bien entretenues, aux habitations incessantes, même lorsqu’on s’attend à des lieux sauvages.
La Norvège est belle. Mais sa beauté a quelque chose de monotone. Elle — celle dont j’ai suivi quelques routes — préfère nous mener de surprises en surprises. L’ébahissement n’est pas constant, sauf à quelques endroits : plus encore que la célèbre Trollstigveien (« la route des trolls »), la route 55, de Lom à Skjolden, fut — avec les nuages — le plus grand plaisir de ces six jours de voyage. Parmi les joies, il y a ce point de vue du Dalsnibba ou, plus tôt et plus tard, les moments désertiques du Rondane et des alentours de Hovet. Des bouts de fjords, lorsqu’un arc-en-ciel s’ajoute aux arbres, aux maisons lestant les montagnes et aux cascades. Et aussi ces églises en bois, vieilles de six ou sept siècles, plus émouvantes sous la pluie. Il n’y avait personne, sous les trombes d’eau d’Eidsborg, ce qui laisse de la place pour les souvenirs.
De cette Norvège, exagérément domptée, épisodiquement majestueuse, qui fait rêver de son Nord, un jour, je donne quelques photos, sans légendes, dans l’ordre chronologique. Parce que je ne peux faire autrement : la Norvège était au milieu du chemin.
Sylvain Zorzin
Photos prises avec un Pentax MX-1.
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